Lettre écrite par THOMAS  pour son frère REMY vivant  au Sénégal, le 10 avril 2005 dans le train qui le menait de Grenoble à Chambéry  , une semaine avant son décès .

 

 

Salut mon Frère,

 

  Je t’écris, librement , en cette fin de week – end où le soleil , timide devant de nuages n’ose sortir le grand jeu…

  J’pense à ça : tu vois du sable, moi du béton , gris , qui m’émeut dans ma tristesse toute relative face à s’ bouzeu posé sur le parvis, devant sa monnaie.

  A force de t’ l’ écrire tu dois l’ savoir ,  ici rien n’ change sinon les heures , ma pensée et les saisons…C’est l’ printemps.

(PS : Je suis dans l’ train donc j’ balance…)

     Eh oui ! Les arbres (sauf ceux des quartiers N-Ouest de GRE) payent leurs fleurs, blanches et roses , blanches , jaunes , jaunes et vertes…  et naissent tous ces bourgeons joyeux (*) qui , à mes yeux , évoquent la vie bourgeoise et leurs joyaux : le luxe dans la vie .

      Rien ici n’est plus beau , ni plus bon que le simple fait d’apprécier ces visions naturelles , grandioses , nées de l’essence de l ’ être…

Je lis dans « Le Monde », du vendredi 1er Avril (ça porte malheur, mais c’est pas une farce…) qu’ la Terre est morte.

Reste où t’es   « srab » ( !)…

 

J’ m’ explique :

On naît dans un monde de brute où la monnaie égale la vie ; capitalisme libéralisme et tout l’ blabla nous hantent , c’est plus un secret .

Pour faire fonctionner la machine , il faut des sources et des ressources (pétrole, charbon, eau…arbres, terre, mer, air …).

Aujourd’hui , on les compte sur les doigts d’ la main .

Le rapport des 1365 scientifiques des 95 pays engagés indique deux solutions possibles : on arrête , ou on paye .  Ils expliquent clairement à l’ONU que dans 50 ans ,  on s’ra à sec , qu’ c’ s’ra la guerre  , ou la mort ; que c’est stop , ou la guerre…

Ô joie !

P’tite interlude parc’ que l’ gars d’vant moi lit son journal…

Oups ! ça balance bis !

En somme j’en ai ma claque de voir les cadavres de caisses rouiller au bord d’un champ de tulipes pour les malades du SIDA qu’on n’arrive pas à soigner ; de voir les gens penser du mal de leur voisin qui les veut bons même si le mois dernier, celui du d’ssus s’est fâché cont’ c’ui du  d’ssous  qu’ a sorti son flingue et l’ a plombé.

 

Dis leur mon Frère ,  dis leur    qu’ leurs  caisses et leurs espoirs , qu’ la vie  qu’on  mène ici , qu’ les chèques dans leurs  tiroirs   ,… c’est pas la solution.

Qu’on s’est trompé d’ chemin  et qu’eux seuls  peuvent encore trouver la voie .

 

Qu’enfin un peuple de noirs c’est mieux qu’un peu de blanc : eux savent  c’que c’est d’être impuissant . Voilà.

 

Comme je dis , y’a pas d’ politique sans frontière… : fais sauter les barrières et à mort la politique !

 

J’arrive à Chambé.  Yo.