Thomas,

 

Tu nous as côtoyés pendant un an, nous, tes professeurs. On ne peut pas dire que nous te connaissions bien. Et  pourtant, au moment de te dire adieu, ta présence en nous est ineffaçable.

 

Tu as fait irruption dans nos cours, avec ton regard franc, et tes grandes enjambées décidées. Tu t’es installé, tu as pris ta place. Tu nous as regardés avec ton air un peu goguenard, un peu perplexe, un peu songeur peut-être, en tout cas inimitable.

 

Oh, bien sûr, tu n’étais pas ce que l’on appelle un élève modèle : les règles , tu les considérais  parfois de loin, l’air un peu amusé – mais toujours avec  une certaine bienveillance.

 

Tu ne posais jamais les questions qu’on attendait, celles auxquelles on est préparé à répondre. Non, tu devais sans doute suivre ta pensée, écouter ta petite musique – et poser les questions que cette petite musique te suggérait, au moment où elle te les suggérait.

 

Alors on avait parfois un peu de mal à te suivre. Mais on avait envie de te suivre. On entrait dans un dialogue où l’on n’était as toujours sûr de bien se comprendre, mais au moins le chemin n’était pas tracé. C’était un vrai dialogue.

 

Non, vraiment, tu n’es pas un élève modèle. Les modèles, on peut les copier et on peut en changer. Alors que ta présence, si vraie, si vivante, si curieuse, si imprévue, si attachante, cette présence-là est inimitable, irremplaçable.

 

Elle est là, en nous. Et nous pouvons t’assurer que nous ne l’oublierons pas.